Scènes parisiennes

Au milieu du bruit, des bavardages et des bousculades, certains instants par leur côté inattendu et inédit, nous offrent une part de magie. En voici quelques-uns tirés de mon carquois, bien parisiens certes, mais déclinables – comme par magie ! – en tout lieu et à toute heure :

Rue du Chemin Vert.  Bientôt minuit, je rentre d’un dîner. En sortant du métro, un orage à faire s’effondrer le ciel me saisit et j’ai 300 mètres à enjamber jusque chez moi… Je m’élance tambour battant et ruisselle en deux secondes. À hauteur d’un café encore ouvert, je devine derrière la vitrine dégoulinante, un jeune homme tranquillement attablé.

En un éclair il surgit, là, sur le seuil, avec dans sa main tendue vers moi, un parapluie déjà ouvert :

– Vous me le rendrez demain… murmure-t-il simplement  

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Dans le métro

Ligne 9. Je suis debout, accrochée à la barre verticale du wagon, quand un puissant coup de frein stoppe net notre course. Me voilà projetée contre un voyageur, au point de lui écrabouiller le pied.

– Ne vous inquiétez pas, j’en ai un deuxième !… répond-il en souriant à mes plates excuses.

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Ligne 1, station Concorde  qui ce jour-là porte bien son nom

Le métro arrive à quai. Les portes de notre wagon déjà rempli, s’ouvrent péniblement. Un voyageur s’apprête à monter, caché derrière un gigantesque bouquet qu’il tient entre ses bras. Ce n’est franchement pas le moment mais bon, on ne râle pas devant des fleurs… et tout le monde s’écarte pour accorder une place à l‘intrus, jusqu’à lui permettre de se faufiler vers une banquette. Confus mais reconnaissant, notre homme s’assoit et plante son bouquet bien droit entre ses genoux. Le passager assis face à lui, contourne de sa tête le précieux panache et lui souffle : Elle va être contente !…

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station Bastille

Notre métro arrive à quai. Je me lève, ainsi qu’un autre voyageur, pour descendre du wagon. Alors que s’ouvrent les portes, nous voilà nez à nez avec un énorrrrrrrme chien (taille d’un veau) tenu en laisse par une petite femme menue menue (taille xxs)

La stupeur nous cloue sur place, avant que j’entende mon voisin demander :

– il a mangé, au moins ?!!

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Quelles joyeuses réparties ! En un éclair tout est dit : une compassion zélée chez le premier, une élégante indulgence chez le second, un humour espiègle chez les deux derniers.

Je vous souhaite autant d’instants suspendus au vol !