Un bonbon sur la langue

Notre PLI, Petit Larousse illustré, nous dévisage les nouveaux arrivants 2022 : pas moins de 170 mots et expressions ont fait leur entrée cette année dans notre langue. 

Cuvée nettement « Corona » qui désignait jusqu’à présent une bière couronnée, et a muté en coronavirus, un virus aux allures de couronne. À partir de là s’est créé un joyeux préfixe : confiné, on lisait pour ne pas devenir coronidiot, on travaillait ses coronabdos, avant de prendre un coronapéro avec ses coronamis. Ok, ces mots ne font pas encore partie du PLI ! Mais, assez inattendu tout de même, se sont invités les termes coronapiste, celle qui en ville est ouverte aux cyclistes, après avoir cliqué-retiré leur panier repas. 

Du côté des régions et pays francophones, je ne résiste pas aux nounouneries de nos amis Québécois : des bêtises, que l’on raconte par exemple à l’occasion d’un bien-cuit, ce discours humoristique prononcé devant un invité lors d’une réjouissance collective : godaille en Champagne-Ardennes, gerbaude en Centre-Aquitaine, messti en Alsace, autant d’occasions de s’enjailler comme le disent joliment les jeunes de Côte d’Ivoire, avant de filer chez le tisaneur, ce guérisseur de la Réunion qui purge tout excès, grâce à un cocktail de plantes infusées.  

De la même manière, en écoutant mes conteurs et conteuses, je découvre des expressions de leur jeunesse pas si lointaine, de leur région, de leur famille ou encore, sorties tout droit de leur fantaisie ! Bouquet dans le désordre :

ODILE parlant des miches de pain que le boulanger apportait en carriole dans son village d’Alsace : on tranchait de larges tartines que nous caressions de miel de sapin.

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MICHEL se rappelle la naissance de sa vocation d’agriculteur : J’avais 15 ans. Devant mon goût pour les travaux des champs, je me souviens de cette réflexion d’un ami de la famille : ‘’Oui, oui, il faut y aller ! Tu as de l’herbe sous le pied !’’

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ISABELLE (native d’Auvergne) racontée par son fils Charles : Allons chez Fouchtra* acheter des carottes. Devant l’un de ses enfants, affamé : Ne mange pas trop, tu vas rêver du loup !                                        Untel est allé courir la prétentaine ? Comme chacun sait, à la campagne les rumeurs se répandent comme la petite vérole sur le bas-clergé… 

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BERNADETTE : ‘’Marie-toi dans une famille qu’on connaît’’ : voilà comment les alliances se faisaient dans nos familles

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Chez CLAIRE, une réplique devenue légendaire : Incorrigible, son mari ratait toujours son train en précisant : Non non, je n’ai pas raté mon train, j’ai choisi de prendre le suivant !

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Avec CHUCHA, ni loup ni gueux mais un froid noir !

Pour parler d’une rencontre à l’improviste : Nous nous sommes cognés 

ou pour avouer qu’elle dort tardivement le matin : Voyez-vous, nous n’avons pas les mêmes fuseaux horaires… Évoquant un ami d’enfance aux parents fortunés : il est né coiffé 

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PAUL jeune adolescenten 1944 se souvient encore du goût de ses premiers chewing gum offerts par les soldats américains : après quatre années de salsifis et de rutabagas, pour moi c’était le p’tit Jésus en culotte de velours !  En parlant de la maison dont il a hérité : j’ai compris que j’avais autant de chance de la vendre qu’un cercueil à trois places…

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BERNARD amusé,évoque sa grand-mère grippe-sou : elle n’attachait pas son chien avec des saucisses… et pour m’annoncer que sa petite-fille attend un bébé : il y a un polichinelle dans le tiroir…

Délicieuse langue de Molière ! Devant ces bulles de champagne me vient l’idée de composer un Petit Paroles & Plumes illustré que j’augmenterai au fil des saisons. N’hésitez pas à l’approvisionner en m’adressant vos expressions favorites, comme autant de bonbons à laisser fondre dans la bouche : longtemps, très longtemps… 

* Fouchtra mot typiquement auvergnat : épicier bougnat mais aussi, délicieux fromage, fichtre !